Isekai : L’Héritier de l’Autre Monde – L’inflexion, est le premier tome d’une épopée fantastique imaginée par Jean-Louis Vill sur le modèle d’une production nippone. Conçu comme un Isekai, sous-genre des productions culturelles japonaises dont l’intrigue est principalement axée sur un personnage débarqué dans un monde parallèle, son ouvrage est allègrement empli de références au Pays du soleil levant. Captivant par son écriture et ses illustrations, embarquez dans le monde enchanté du jeune Arius. Nous nous sommes entretenus avec l’auteur pour comprendre de quel esprit ingénieux provenait cette imagination prolifique.
Pouvez-vous présenter votre parcours et ce qui vous a mené à l’écriture ?
À la base, je ne suis pas un écrivain, je travaille dans le domaine de l’informatique. Ce qui m’a mené à l’écriture, c’est que durant la pandémie de COVID-19 j’ai découvert le genre Isekai. J’ai eu l’occasion de lire beaucoup, de visionner des animés dans lesquels j’ai pu apprécier le style d’humour, la légèreté et naturellement des thématiques qui reviennent souvent comme la recherche de soi, le développement personnel et l’optimisation des compétences.
C’est un genre qui m’a captivé. En ayant davantage de temps avec le télétravail pendant le confinement, j’ai vu beaucoup de qualité là-dedans mais j’ai ensuite manqué d’Isekai intéressants à me mettre sous la dent. C’est à ce moment que je me suis dit qu’au lieu de chercher obstinément des productions qualitatives, j’allais développer et écrire un Isekai où il me serait possible d’éviter ce qui me plaisait moins comme certaines longueurs que j’ai pu constater dans quelques livres ou animés. Lorsque je me suis mis à l’écriture, je me suis axé particulièrement sur les thèmes qui me plaisaient beaucoup dans l’Isekai et j’ai essayé autant que possible d’éviter les erreurs rencontrées.
J’ai aussi fini par appliquer ce que ma mère me répétait souvent : « Jean-Louis, tu manques ta vocation, tu devrais raconter des histoires parce que tu es excellent ».
Justement, vous indiquez dans votre hommage à vos parents que votre mère n’a cessé de vous répéter que vous laissiez passer votre chance en ne partageant pas vos histoires. Pouvez-vous développer ?
J’ai une sœur jumelle, on a eu l’occasion de passer beaucoup de temps ensemble. J’avais un plaisir à raconter des histoires ou des blagues. J’ai eu l’occasion de faire beaucoup rire ma mère et aussi de l’intéresser lorsque je contais mes histoires, grâce à la manière dont je les développais. Certaines personnes dans la famille me complimentaient lorsque je racontais ce que j’avais vu au cinéma ou les livres que je lisais. Ils me disaient que la façon que j’avais de les raconter était plus intéressante que les films ou livres eux-mêmes. Quand ils allaient voir les films ou lisaient les livres en question, ils trouvaient qu’ils manquaient de saveur par rapport à ce que je leur en avais dit. À un moment donné, ma mère m’a confié que j’avais un talent que je devais exploiter.
Pouvez-vous brièvement résumer votre livre ?
Il s’agit de l’histoire d’Arius, fils d’une personne qui vient d’un autre monde, Michihiro, qui s’est installé et qui a réussi. Cela suscite des convoitises parce que Michihiro a utilisé ses connaissances et son expérience de l’autre monde. Il avait un âge assez avancé et est devenu plus jeune dans ce nouveau monde, le continent Kembari de la Grande terre. C’est comme s’il avait l’occasion de refaire sa vie et il n’a pas répété les erreurs de jeunesse. Ses ennemis, par jalousie, ont souhaité mettre la main sur sa fortune et sur toute sa connaissance. C’est à partir de là que toute la trame se lance.
Chacun des titres des tomes du roman représentent un moment fort et particulier de l’histoire, tout comme l’illustration de la couverture. « L’inflexion » est lié au point d’inflexion d’Arius, le moment où il change complètement son approche de la vie et sa façon de voir les choses. Ce moment spécial qui va non seulement orienter tout le reste de sa vie mais aussi changer le monde dans lequel il vit. Les titres de chaque tome correspondent à un moment fort.
D’où vous vient votre passion pour les productions culturelles nippones ?
J’ai toujours trouvé que les mangas japonais avaient un style beaucoup plus intéressant que les animés ordinaires. Je trouvais les cartoons simplistes et caricaturaux. Dans les mangas – dont le terme signifie d’ailleurs « exagéré » en japonais –, les traits sont exagérés mais dans la « mignonnerie ». Les mangas accentuent cette caractéristique chez les personnages. C’est ce qui m’a attiré, cette beauté dans la façon de procéder, d’exprimer les dessins. On voit dans mon livre que c’est ce que j’ai essayé d’exploiter dans chacun de mes personnages.
En tant que passionné de récits Isekai, avez-vous eu des influences particulières de mangas, animes ou romans qui ont marqué votre approche de l’écriture ?
Oui, j’en ai eu effectivement plusieurs. Is It Wrong to Try to Pick Up Girls in a Dungeon?, The Rising of the Shield Hero et The Eminence in Shadow m’ont beaucoup influencé. Il y a aussi Naruto, mais moins que les trois autres qui m’ont permis de garder un certain rythme dans l’histoire pour éviter les longueurs. En lisant beaucoup d’Isekai et de romans de fantaisie, certains auteurs réservent le climax à la fin de l’histoire et tout le livre sert à bâtir tranquillement cette partie-là. Je trouvais que ce pouvait être long de lire 150-200 pages avant d’arriver à un rythme qui, à mon avis, devrait être plus soutenu. En ce sens, l’auteur de The Eminence in Shadow y est arrivé avec brio. Lorsqu’on regarde les animés, on perçoit qu’il y a un rythme soutenu dans l’action.
Dans chacun des animés dont j’ai parlé, il y a de l’humour, un petit peu de romance, des personnages qui se découvrent, qui ne sont pas forcément à l’aise dans certaines circonstances. J’ai tâché d’exploiter ces mêmes thèmes mais aussi, naturellement, toujours le dépassement de soi vis-à-vis de l’adversité ou de situations qui semblent à première vue impossibles à régler. Il y a beaucoup de situations dans le livre où ce n’est pas forcément la magie qui est utilisée pour s’en sortir mais la réflexion.
Qu’en est-il des cartes et illustrations présentes dans l’ouvrage ?
Parmi les choses qui me marquaient dans les différents livres que j’ai lus, il y avait notamment les illustrations, surtout quand il y a beaucoup de personnages. Il est vraiment plus aisé de concevoir un personnage avec une image ou si on peut le situer quelque part. La première illustration du livre est la carte du continent jumeau, le Kembari, afin de montrer à quoi il ressemble mais aussi pour placer les premières nations dont il est question dans ce tome inaugural. Bien naturellement, quand on parle des voyages, il faut que les lecteurs soient en mesure de se situer dans ce monde.
Ensuite, j’ai aussi intégré un trombinoscope afin de parler des principaux personnages qui seront abordés dans le livre pour que les lecteurs soient capables de toujours les situer. On les revoit illustrés de différentes façons au cours du livre. Il y a d’autres personnages illustrés qui n’apparaissent pas forcément sur le trombinoscope. En outre, il y a d’autres illustrations comme le manoir Lovelace pour pouvoir s’en faire une idée, un animal lorsqu’Arius est en voyage et je propose de visualiser certaines scènes et légendes. Il y a des moments qui sont forts dans le livre où une image vaut mille mots, le fait de voir certaines scènes touche plus l’imagination du lecteur. C’est ce que j’ai essayé de réaliser avec les différentes illustrations comme je le ferai dans les tomes suivants afin de vraiment permettre aux lecteurs de bien s’immerger dans le monde que je lui décris.
Combien de tomes prévoyez-vous ?
Je pourrai atteindre le tome 20 sans problème et même probablement le dépasser.
À quel lectorat s’adresse votre saga ?
Cet ouvrage s’adresse, je dirais, aux jeunes à partir de 16 ans puis aux adultes. Même si le héros est un enfant, il n’a pas des réflexions d’enfants pour autant. La trame est complexe parce qu’il y a beaucoup de choses qui se croisent. Malgré le fait qu’on soit dans le fantastique, j’essaie de rendre cette histoire plus réelle avec des concepts qui sont bien connus. Par exemple, dans beaucoup de films on voit des personnages qui se promènent avec des chariots remplis d’or mais en réalité un mètre cube d’or pèse environ 18 tonnes. On ne traine pas 18 tonnes dans un chariot comme ça donc je rentre dans des concepts où j’explique grâce à la magie pourquoi cela devient possible. Dans les jeux de coulisses de pouvoir, j’explique tout ce qui se passe.
Je considère les thèmes que j’aborde comme matures et adultes. Si je peux regarder des films pour enfant je ne peux pas le faire avec des films enfantins. Il ne faut pas que les réflexions ou les dialogues le soient sinon je décroche complètement. Pour avoir beaucoup de neveux et de nièces dans la famille, je me suis rendu compte que les enfants ont souvent des réflexions qui sont tout à fait intéressantes et empreintes de sagesse. Ce n’est pas parce que ce sont des enfants qu’ils ont des réflexions enfantines. Ils en ont, par bout, mais pas tout le temps.
Comment augmenter l’expérience des lecteurs ?
J’ai ouvert un compte TikTok pour avoir un contact direct avec mon lectorat. Je compte y partager des choses qui n’apparaissent pas dans le livre, des nouvelles images et aussi l’avancement des différents travaux. Si les lecteurs sont intéressés, je me ferai une joie d’interagir avec eux et s’ils ont des suggestions j’y réfléchirai.
Michel-Angelo